Par opposition à la matière première extraite de nos sols pour produire les biens qui nous entourent, la Matière Ultime* est le déchet ultime : ce qui reste après tout processus de recyclage et de valorisation des déchets. En Suisse, une personne produit environ 80kg/an de Matière Ultime. Ressemblant à une grosse météorite, cette dernière est stockée à nouveau dans nos sols, cette fois-ci entourée de bâches plastiques pour éviter que ces polluants – tels que les métaux lourds ou autres composants toxiques – n’infiltrent trop la terre qui l’entoure.
Cette matière n’est jamais visible. Aussitôt qu’elle sort des hauts fourneaux, elle est enfouit dans des sites prévus à cet effet. Parmi les villes, les champs, les forêts, les bords des lacs et rivières, on compte aujourd’hui 15 000 site de stockages étendus sur le territoire Suisse.
Donner à voir ces lieux et cette matière permet de rendre tangible une réalité que les chiffres ont tendance à abstraire. Avec une approche systématique, les photographies proposent une immersion dans ces grands paysages constitués de nos déchets et dressent le portrait des territoires de la couche de l’anthropocène.
Solène Hoffmann
*Matière Ultime est un terme inventé par le bureau Raum404, dirigé par Lucile Ado et Oscar Buson.